Petit compte rendu de "la Migration des oies" de l'été 2011

Publié le par La migration des oies sauvages 2011


  Avis aux lecteurs:

Ceci n'est que l'interprétation partagée de Marie et Pascal.

 


Avant toute chose, la nature a été co-créatrice lors de cette migration.

Comme nous l'avons altérée par notre installation puis notre présence (bruits,  mouvements, tentes, feu, abris,etc...) elle a touchée et éveillé notre sensibilité et impacté notre vécu (bruits des animaux, du vent, de la pluie, odeurs, insectes, immensité de la prairie, terre et ciel, humidité et chaleur sur la peau...).

Nous étions isolés au sein même de cette nature mi-domestiquée mi sauvage, qui nous a rappelé à notre « natureté » et notre vulnérabilité, nous simples êtres humains sur cette terre.

Nous nous sommes assis par terre, nous avons mangé par terre, nous nous sommes douchés dehors, nous avons dormis sous une toile, nous avons vécu sans électricité ni eau courante et nous avons fait nos besoins dans les toilettes sèches et nous nous sommes réchauffés autour du feu : que de changements dans nos habitudes! Notre quotidienneté en était affectée et déstabilisée!

Tout ceci fait partie du concept des oies sauvages.

 

Nous sommes arrivés d'horizons différents, dans nos petites voitures individuelles, avec nos habitudes, et des imaginaires propre à chacun-e sur ce qui allait se passer. De fait, nous avons été amenés à vivre ensemble, à nous « frotter » avec nos singularités. Être ensemble...vivre ensemble...qu'est ce cela veut dire? Comment allons nous faire? Jusqu'à quel point? Comment cela nous engage et que sommes nous prêt à engager?

Notre vivre ensemble a été beaucoup secoué part notre visée de leadership partagé qui a créé un vide du « faire » et a amené la conscience de notre « exister » en groupe : d'ailleurs la question de « qu'est ce qu'un groupe » est restée ouverte...

Notre projet pour cette migration était le leadership partagé, la parole qui circule librement, avec la confiance accordée en l'autonomie et la responsabilité pour chaque participant-e.

Le thème en était la rencontre; qu'est ce que c'est que la rencontre? comment allons nous nous rencontrer dans le cadre ouvert du leadership partagé et ceci en nous appuyant sur une perspective de champ? (que nous avions évoqué sur ce même blog).

 

 

Première journée

Après avoir conduit et installé les participant-e-s dans le cercle construit dans les bois, nous avons présenté le projet, chacun-e s'est choisi un rôle de veilleur et de veilleuse et les tâches matérielles ont été expliquées. Nous avons rappelé le fondement des oies sauvages (cf:  blog) : entre autre, une oie prend la tête de l'envol qui se fait en V, ce qui donne à chaque oie une vision dégagée de la direction prise. L'oie de tête cède sa place quand elle est fatiguée. Les oies sont communicantes et solidaires.

Lors de cette présentation s'est glissée, quelque chose de la prudence qui peut être a été perçu.

 

Puis nous, oies de tête, nous nous sommes retirées de notre position de leader, mais la proposition que quelqu'un se définisse pour prendre ce rôle provisoire est apparue comme prématurée.

Cette première journée fut essentiellement consacrée à des questionnements et réflexions le leadership partagé, sur le thème de la rencontre, ponctuée par des moments de silence vécus apparemment comme gênant par certains participants et introduisant peut-être un sentiment d'insécurité.

Nous nous sommes rendu compte à ce moment là que nous n'avions pas les mêmes attentes mais surtout pas la même idée du processus d'un leadership partagé, qui implique que quelqu'un s'engage à prendre la tête du groupe pour proposer une direction.


Deux propositions sont faites: Un participant nous propose une « rencontre par deux » dans un coin de nature et que nous réalisons sur le moment.Une participante propose une « création d'une œuvre à deux » sur la longueur des 4 jours; cette proposition sera en suspend pendant un jour et demi avant d'être accueillie.

Viennent aussi les questions avec lesquelles nous avons cheminé pendant les jours suivants: Comment décidons nous tous ensemble d'une direction commune? Comment accueillons nous une proposition? avec quelle peur? quel désir? quelle anxiété? Qu'en faisons nous? Est ce que je m'avance? Comment? Comme rien n'est prédéfini à l'avance, que se passe t-il? Comment pouvons nous prendre notre place en tant que participant ou en temps que leader dans cet espace de liberté?

 

Deuxième jour

Ces mêmes questions reviennent, un peu plus aigües et amenant encore plus d'insécurité pour certains participants, voire la remise en question de ce projet, rien ne semblant se passer de façon concrète...La question du faire et de l'être apparaît: pouvons nous être ensemble sans forcément faire?

Après un moment de flottement, le groupe s'est reformé spontanément et au détour d'un jeu pour choisir le leader, a surgit une direction menée par  un participant qui a accepté ce rôle. Et la même chose s'est sensiblement reproduit l'après midi avec une proposition d'une participante.

Ce qu'il nous semble, c'est que ce flottement apparent d'un ouvert non dirigé a permis que surgissent des propositions, mais cela a soulevé simultanément de l'anxiété possiblement due aussi, à la lenteur dû processus et aux questionnements.

Nous nous sommes plu aussi à imaginer que ce flottement puisse aller de pair avec les« errements » géographiques (changement de lieu pour chaque regroupement) et flou temporel (temps de pose et de reprise non indiqués) ce qui a donné naissance à un besoin de re-construire un cadre re-connaissable et re-sécurisant (temps clairement définis, accord ou désaccord codé, prise et fin de parole nommée etc...).

 

Le troisième jour

D'emblée, deux participants annoncent leur décision de quitter la migration après le repas de midi, ne trouvant pas leur compte ni dans le projet proposé ni dans notre approche théorique du champ dans un esprit de phénoménologie. Tout cela ne correspondait pas à leurs attentes, ont-ils exprimé.

Cette annonce a fortement impacté le groupe et a stimulé les prises de paroles et les positionnements, parfois de façon virulente ou/et émue.

Différents sentiments ont émergé à l'occasion de ce départ prématuré, qui après avoir été exprimés, ont créé une atmosphère apaisée et une cohésion nouvelle dans le groupe.

Ce couple ne partageant pas les soirées ni les nuitées sur place, nous avons envisagé la possibilité que cela ait participé à leur difficulté d'adhésion au groupe. En effet, chaque soir autour du feu, notre complicité s'est développée et s'est renforcée par des rencontres créant des liens plus intimes.

Ce que nous avons observé à la suite de ce « détachement » de ces 2 oies vers  leur propre direction, c'est que le leadership partagé s'est alors affirmé: propositions successives, élaborations créatives et moment de liberté assumée.

Il nous semble qu'à ce moment là, le projet du leadership partagé a pris sa forme la plus accomplie et a duré jusqu'à la fin de la migration.

Cette 3ème journée s'est terminée autour du feu, avec des chants, des hommages, des rires, partage festif qui réunissait l'ensemble du groupe pour la 1ère fois et à l'occasion de cette dernière soirée.

 

4ème journée

La pluie nous a accueillie ce matin là, et c'est dans l'humidité et le froid que nous avons formé le dernier cercle.

Il y est apparu une nouvelle fois un questionnement autour de l'absence de la co-créatrice et de certaines personnes du précédant rassemblement des oies sauvages.

C'est alors que nous avons nommées et clarifié les difficultés engendrées par le conflit impliquant certains membres du rassemblement 2010 et comment cela avait impacté durablement l'élaboration de la migration 2011. Nous avons aussi évoqué les problématiques relationnelles qui nous ont embarrassées, tous les trois, Marie, Pascal et Darwin.

Ces paroles respectueuses, vraies et claires ont levé les derniers nuages sur les incompréhensions et les malentendus qui subsistaient. Quelque chose s'est alors posé, notre cohésion s'est encore approfondie et les dernières préoccupations à ce sujet se sont apaisées.

Une belle surprise offerte par Un participant nous a apporté ravissement et douceur avec une dégustation en conscience d'un fin chocolat noir.

L'après midi a été consacrée à la transmission du bâton pour la prochaine migration, à la présentation des « créations de rencontres » et à l'exposé des finances-entrées et dépenses-et de l'utilisation de l'excédent (le compte rendu du bilan financier à été envoyé à toutes les oies de cette migration dans un souci de transparence).

Nous avons exprimé avec émotion, combien nous étions heureux de constater que l'esprit du leadership partagé avait été honoré, que la parole avait semble t-il circulé librement sans entrave,que nous nous étions rencontrés chacun-e avec sa couleur, et que tous les membres avait assumé avec légèreté, drôlerie et responsabilité les tâches matérielles.


Pour l'année 2012, l'oie et le jar de tête sont Stéphanie et Renaud.

Nous les accueillons avec joie! Et nous avons foi en leur « next »!

 

 

 

Marie et Pascal

 

 

 

 

 

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