Qu’est ce qu’un groupe ? Expériences …
Qu’est ce qu’un groupe ? Expériences …
Ce que j’ai retenu de la rencontre de cet été et que je souhaiterais exprimer , c’est l’expérimentation très concrète, vécue et ressentie des conditions et des limites d’un « groupe », c’est-à-dire d’un être-ensemble , d’un être-avec les autres , et non pas seulement les uns à coté des autres .
Expérimentation ressentie : je me souviens avoir éprouvé entre autre et tour à tour de la curiosité et de la peur, de la mobilisation et du retrait, de l’amusement et de l’anxiété, de la joie et de l’agacement, de l’enthousiasme et du découragement.. . Plus précisément j’ai vécu d’abord une montée progressive en excitation depuis le premier cercle dans un sous bois humide jusqu’à l’après midi de la seconde journée dans la prairie ensoleillée où mon intérêt était très aiguisé pour cet expérience de « leadership partagé », puis une retombée brutale de l’intensité, accentuée le lendemain par le départ de deux d’entre-nous , et enfin un regain d’intérêt le dimanche lorsqu’il a été question, sous la pluie, du projet de la migration, de son passé et de son avenir.
Etre-ensemble , être-avec les autres , il m’a semblé alors que cela n’allait pas de soi dès qu’on est plus de quelques uns dans ce qu’on appelle alors un « groupe », et que cette recherche, nouvelle dans mon expérience gestaltiste des groupes, d’un partage du leadership, permettait de mettre en évidence cette difficulté qui n’apparaît pas d’ordinaire dans les groupes beaucoup plus clairement structurés. Malgré ce que cela m’a fait vivre à certains moments en terme de stress – certains se souviendront peut-être de mon désarroi quand, mon tambour de « veilleuse du temps » à la main je ne savais plus si nous étions en pause ou si le groupe s’était dissous pour un temps indéterminé, il me semble que cette expérience des limites valait la peine d’être faite par ce qu’elle montrait a contrario des conditions d’un être-ensemble .
Bien sûr, il est toujours possible d’être seulement les uns à coté des autres , chacun vacant à ses occupations quotidiennes ou échangeant avec d’autres de façon informelle, et d’ailleurs des moments de ce genre sont absolument nécessaires, même en groupe, lors des plage de temps réservées au repos ou aux repas…
Quelle est donc la différence entre ces moments où le groupe est soit dissous, ou au moins suspendu, et par exemple cet autre moment que j’ai trouvé si agréable où, lors de la première après-midi nous expérimentions sur la proposition de l’un d’entre nous la rencontre deux à deux, et qui pourrait lui ressembler du point de vue de l’occupation de l’espace, du rôle laissé à l’improvisation et à l’intimité des échanges ? Il me semble que c’est alors l’existence d’une forme commune que l’on s’est donné ensemble, à laquelle chacun a adhéré à sa façon, et qui a structuré alors un faire commun.
Il me semble que ce que nous avons expérimenté pendant ces quatre jours, sous des formes à chaque fois nouvelles, permises par la proposition d’un leadership partagé, ce sont les variations de ce faire-ensemble jusqu’à la limite de sa remise en cause lors d’un après-midi mémorable, en passant par son surgissement quasi spontané (jamais tout à fait) ou plus dirigé par la proposition de l’un d’entre-nous voulant bien, pour un temps limité, endosser le rôle de leader. J’ai d’excellents souvenirs de ces moments, de loin les plus nombreux, où nous nous sommes rencontrés et constitués en tant que groupes, courant, dansant dans la prairie ou marchant les yeux fermés, échangeant ou chantant assis en cercle autour d’un feu , ou bien les uns faisant découvrir aux autres leur création…
Et je me demande si ce faire-ensemble ou cette forme commune n’est pas la seule condition d’un être-ensemble dans un groupe, étant bien entendu que faire peut prendre toutes les formes pourvu qu’on y adhère ensemble et n’est pas nécessairement un bouger, ou un fabriquer avec un résultat attendu, mais peut être aussi un être-les uns auprès des autres à s’entretenir, à s’écouter ou même à se taire , c’est à dire « à ne rien faire » selon le sens commun!
Si toute expérience suppose une forme surgissant d’ un fond, la difficulté de l’être -ensemble, dans un groupe, tiendrait donc à la façon dont cette forme est commune ou non, ce qui suppose d’une façon ou d’une autre un leadership, qui peut être partagé lorsque la forme est élaborée à plusieurs, ou alternant quand c’est à chaque fois une personne différente qui prend ce rôle.
Bisous à toutes et à tous, et bonne chance à Stéphanie et Renaud qui ont repris le bâton pour l’an prochain… J’espère que nous nous retrouverons !
Priscille